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ISBN 978-2-490956-03-6

stories of Z : apocalypse

Stories Of Z : APOCALYPSE

 

 

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Notre société à une part de responsabilité dans les monstres qu’elle engendre.

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Prologue


 

À l’origine du monde, il y avait deux camps les baiseurs et les baisers. Je faisais partie du premier groupe, du moins jusqu’au retour de cette revenante qu’est ma femme. J’acceptais, malgré une certaine révulsion, que cette chose, pas pourrissante, mais embaumée, pénètre à nouveau dans ma vie. Qui aurait pu dire les souffrances qu’entraînerait un amour inconditionnel, même moi je n’en mesurais pas les conséquences. L’on peut pêcher pas passion, moi, je l’ai fait par orgueil d’un rejet de la solitude.

Le dogme catholique, considéré comme fondamental, incontestable et intangible, insistait fortement sur la vie après la mort, ce qui, il faut bien le dire, me servit d’excuse pour me justifier se manque de courage de la reconduire au tombeau. La vie après la mort ! Loin de moi la volonté de remettre en cause ce pacte entre les Hommes et leurs Dieux, mais leur devoir de nous avertir sous quelle forme reviendrait les morts sur terre n’étaient pas accomplit ! Et, en y réfléchissant, le créateur à un drôle de sens de l’humour !

Le premier jour qui suivit son retour, j’évitais de croiser son regard, ses yeux blancs et opaques me dévisageaient me laissant une impression de malaise, voire une réelle frayeur. Je ne pourrais dire si cette moitié de femme me voyait, car il lui arrivait souvent de passer à coter de moi sans même deviner ma présence.

Un mois déjà que je suis passé de l’état d’homme normalement sein d’esprit et de corps, à ce nécrophile qui me fait honte, car oui je l’ai baisé ! Et j’avouerais y avoir pris un grand plaisir, mais en retour, je fus marqué du signe de la bête ! Beaucoup pourraient être choqués par mon comportement, et pourtant je n’ai rien d’un malfaisant ! Comme je vous les dis dès le début de mon histoire, je suis un baiseur ! Alors certes, j’ai mérité mon sort, et cela ne fait aucun doute, mais quel plaisir d’avoir vécu de l’exploitation des masses, de mettre enrichi dans un système où le meilleur gagne quelque en soi le prix.

Je me suis nourri aux mamelles de l’Amérique et maintenant je vais me nourrir de sa chair et de son sang !

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I


 

Être soldat c’est bien ! Surtout pour la gloire de ses pantoufles devant la télé, car devoir crapahuter dans la boue et la merde toute la journée ce n’est pas “in”, à moins d’avoir un sérieux problème entre les deux oreilles. Ce qui est souvent le cas de beaucoup de militaires ! Je ne me ferais pas des amis sur ce coup-là ! Bref, un soldat qui veut partit à la guerre il n’en existe pas beaucoup, même si votre ennemi ressemble à un Z, lent, con et qui tombe en miette au moindre contact. Et puis personne n’a vraiment envie de se faire mordre et arracher un morceau de chair ! Vous auriez regardé Fight Club version Z, là su été drôle. Mais la réalité du combat n’a rien de très cinématique.

Angela, leader de force spéciale, ne savait que trop bien où menaient les escarmouches avec du zombie pas frais, du sang et des larmes, voilà tout ce qu’il y avait à récolter ! Car ils ont beau être cons comme des chaises, ils n’en restent pas moins dangereux par le nombre, car un Z ne voyage jamais seul !

La veille du premier déploiement, elle profitait avec Lisa et son fils d’une dernière soirée. Premier déploiement avec 1000 bonshommes qui ont la rage au ventre et l’écume aux lèvres ! Semper fi ! Donc, elles marchaient le long de l’océan à Manhattan Beach, main dans la main, cela ne devrait pas vous choquer ! Lisa, éprise d’un doute profond, ne voyait pas cette accointance comme naturel, car, pour elle, le membre viril de l’homme restait la quintessence du sexe, le seul remède à la frustration. Angela sentait ses réticences à lui offrir bien plus que des sentiments de tendresse. Le sable sous leurs pieds nus était froid. L’océan venait lécher la plage en laissant derrière lui cette auréole humide. Le bruit des vagues presque hypnotique produisait ce chant de la mer si apaisant. Habituellement loin au large en janvier, goélands et autres oiseaux marins, lâchaient leurs cris au-dessus de leur tête, emportant sur leur plumage blanc et gris les prières d’un monde en déliquescence. Angela, comme prise d’une soudaine folie, se mit à courir à en perdre haleine. Ses longs cheveux noirs frisés volaient derrière elle. Elle se retourna pour regarder Lisa. Sa peau cannelle brillait sous le pâle soleil. Ses yeux bleus, accentués d’un trait de liner, semblaient l’appeler. Son sourire en disait bien plus encore. Mais bien vite, il s’effaça. Face à face avec Lisa, elle en venait au détail de son départ.

— Demain, nous partons pour Thunder Bay. Je ne sais pas si nous nous reverrons.

— Je ne le sais pas non plus, mais le petit Daniel et moi, nous t’attendrons.

— Si dans un mois, tu n’as aucune nouvelle de moi, tu devras fuir, car il ne restera personne pour vous défendre.

Lisa serra Angle dans ses bras. Quelle chose étrange que les sentiments ! La minute d’avant vous vous refusez à tout, et la suivante, vous êtes prêt à baiser et à jouer à la cochonne. Quelle chose étrange que les sentiments !

 

Au matin, les McDonnell Douglas C-17 Globemaster III décollaient de la Guardia en direction du Nord. Le mauvais temps secouait les appareils. À l’intérieur, les mines étaient fermées, quelques-uns vomissaient dans leur casque, d’autres pleuraient, mais assurément tous chiaient dans leur froc ! Du moins, au sens figuré du terme, car imaginez un peu l’ambiance d’un vol de trois heures avec 100 parachutistes avec de la merde plein le slip !

Les quatre moteurs emplissaient la carlingue d’un son assourdissant, qui s’amplifiait avec la nervosité. La lumière bascula au rouge. La porte s’ouvrit sur le vide. Angela regardait le terrain en dessous d’elle. Rien ne bougeait. Les anges de la mort, les AC-130 Spectre Gunship engagèrent les Z. Tirant avec toutes leurs mitrailleuses lourdes, ils dégageaient la zone de largage.

Le parachute s’ouvrit dans un son de voile prise pas le vent. La descente fut rapide suivit d’un choc rude. Se débarrassant de son harnais, elle posait un genou à terre, l’oeil bien calé dans le viseur. D’autres soldats prenaient pied sur le terrain, qui il faut bien le dire était infesté. Les AC-130 continuaient leur travail de sape des forces ennemies, ils emplissaient l’air de ce son bien particulier des M61 Vulcan canon, fait d’un énorme essaim d’abeilles. Des hélicoptères Apaches appuyaient les troupes au sol de leurs tourelles-canon chain gun M230 de calibre 30 mm.

Angela conduisait des marines au coeur de la bataille. L’objectif était de reprendre l’aéroport. L’escouade se déplaçait sur la piste d’atterrissage improvisée entre les avions de transport lourd. Des grognements venaient de la gauche. Elle tourna en direction de la menace et mitrailla deux Z qui s’approchaient en rampant. Les cartouches vides rebondissaient sur le sol. D’autres arrivaient face à eux, les uniformes ne laissaient que peu de supposition sur leur ancienne identité. Les soldats ouvrirent le feu, les criblant de plomb. Le poste de contrôle, fait d’une simple baraque de tôle, n’était plus qu’à une centaine de mètres. Angela leva le poing. Tous posèrent un genou à terre. Elle observa longuement le terrain. Des bras, des jambes, des torses, tous gelés et durs telle de la glace. Étrangement, les zombies ne venaient pas, comme s’ils avaient abandonné le terrain.

Son engagement en Irak et en Afghanistan lui soufflait que quelque chose d’anormal se présentait ici ! Avec un terroriste vous saviez à quoi vous attendre, je te tire dessus et je me cache dans mon trou, mais là, toute la stratégie militaire valait que dalle ! Car l’opposant, le Z hostile, se refusait à venir les croquer. Angela fit des signes de la main, la troupe se sépara en deux. Le coeur battant, bien fléchie sur ses jambes, elle avançait encore à découvert. Quand une communication lui vrilla le crâne. Le pilote d’un Apache hurlait dans son micro, étonnant qu’il perde son calme. Ce qu’elle n’avait pas vu tenait en ceci, derrière la baraque en tôle il y avait une pente abrupte de trois bons mètres, et en bas, plus de Z que dans vos pires cauchemars ! Rapidement, le petit bataillon se reforma et se dirigea d’un pas tremblant vers la petite falaise. Avant d’atteindre le haut de la bute, elle se coucha et rampa. Devant ses yeux, une armée de mordeur. Et au loin, d’autres arrivaient encore, comme attirés ici par une force invisible. Revenant en arrière, elle pivota sur le dos, ses yeux bleus fixaient le ciel infini, perdu dans ses pensées. Elle n’entendit pas les moteurs de l’AC-130 Spectre Gunship qui passait au-dessus d’elle. Tout se mouvait comme au ralenti.

Des soldats couraient tout autour, soulevant avec leur écrase-merde de la terre et de la boue, qui par moment venaient mourir sur ses joues. Les mitrailleuses lourdes balayaient la zone en des traits de poussière. Les Spectres, utilisaient maintenant leur 40 mm L60 Bofors canon, arrachant à la terre de grands morceaux d’herbe. Des bouts de Z volaient dans des gerbes de sang. Des tripes se répandaient au sol, des têtes explosaient éparpillant des fragments de cervelles dans tous les sens. Tout le champ prenait une teinte rougeâtre. Des centaines de corps gisaient, englués dans le cruor. Parmi eux, des Z rampaient, défigurés. Les passages incessants des avions augmentaient le nombre des cadavres gesticulants. Les lances roquettes repoussaient les zombies, les grenades leur brisaient les membres, et les mitraillettes les achevaient.

Au milieu de la cohue, de la fumée, des cris et des grognements, Angela s’était relevée. Elle marchait droit devant elle comme prise de paralysie psychique. Juste avant de chuter dans la meute de Z qui tentaient d’escalader la butte, des mains ferment se saisir d’elle. Un militaire à croix rouge sur le casque. Il prit rapidement son pouls, souleva son gilet par balle pour vérifier l’état de ses blessures, utilisa sa lampe sur ses pupilles. Il fit signe à d’autres de l’évacuer vers l’arrière.

 

Au loin, le tumulte avait cessé. Quelques coups de feu se faisaient encore entendre. Angela, toujours allongée sur le lit de camp vert, gardait les yeux grands ouverts. Quand soudain un hurlement profond sortit de sa gorge. Son brancard fut chargé dans un hélicoptère. Mettant sa tête en arrière, Angela regardait le champ de bataille s’éloigner de plus en plus.

 

Un Humvee déposa Angela devant l’appartement. Tout autour, une foule se bousculait. Les rues s’emplissaient de mots, de phrases, de rires, de pleurs. Angela ne les entendait pas. Lisa ouvrit la porte. Sa colocataire sexuelle avait le visage blême et ses beaux yeux bleus semblaient comme morts.

Un bain chaud coulait en laissant une chaude vapeur se répandre dans la pièce. Angela entra dans l’eau. Lisa lui versa un peu de savon liquide sur le dos et la frotta doucement, à la limite de l’érotisme. Décidément, vous voyez du sexe partout ! Et vous n’avez pas tort ! Lisa lui versa de l’eau sur les cheveux tout en lui massant la nuque. Et que la nuque ! Enfin, Angela ouvrit la bouche, elle chuchotait.

— Tu ne pourrais pas croire ce que j’ai vu là-bas.

— Des zombies, je suppose.

— Ils étaient tellement nombreux, que je ne pouvais plus distinguer l’herbe sous leur pied.

— Comment cela est-il possible ?

— Je ne sais pas. Mais ce détail n’importe peu. Quand j’ai regardé par-dessus la butte, le premier visage que j’ai vu était celui de mon frère.

— Tu en es bien sûr ?

— Absolument certaine, seuls ses yeux avaient changé, mais je suis intimement persuadée qu’il m’a reconnu.

 

Lisa préféra ne pas répondre. Gardant en elle son explication rationnelle et logique sur la mort cérébrale, et sur la nature profonde d’un Z. Un zombie qui pense ce serait un peu comme un chien qui parle, quoique parfois certains humains utilisent beaucoup de vocabulaire, mais ont la conscience d’une huître ou d’un cleps !

— Tu devrais essayer de contacter ta famille, car peut-être, sont-ils encore en vie.

— Ils habitaient tous à Minneapolis.

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